mercredi 9 mars 2011

Artis Mundi : Art du monde, solidarité et développement

  • Sur artismundi.org on peut lire "Arts du monde, solidarité et développement". Pouvez-nous en dire plus ? Comment cette idée a émergée ? Quels sont le rôle et les objectifs d'Artis Mundi ?
L'idée part d'abord d'une réflexion sur l'entreprise sociale et le social business. Economistes, entreprises, fondations, s'intéressent au social business pour cheminer vers des modèles économiques rentables qui peuvent lutter à grande échelle contre la pauvreté.
Beaucoup travaillent parallèlement sur le repérage des entrepreneurs sociaux, entrepreneurs innovants qui à travers le monde luttent contre tous types de problèmes sociaux. Avec Artis Mundi, nous avons décider de participer au travail de repérage des entrepreneurs innovants, mais en ciblant un thème peu abordé et pourtant essentiel au développement : les arts et la culture.

A mesure que nous assistions à des conférences de Mohammad Yunus, prix Nobel de la paix et ambassadeur du micro-crédit et du social business, nous prenions conscience de la nécessité d'un travail de benchmark sur le terrain, afin de communiquer différemment sur les entrepreneurs sociaux qui agissent pour la culture. Ainsi, Artis Mundi a pour objectif de communiquer sur des entrepreneurs à fort impact social ou culturel grâce à un travail journalistique et multimédia, en s'appuyant principalement sur le web. Notre devise, « Arts du monde, solidarité et développement »,  résument les valeurs de ces entrepreneurs sociaux et culturels, qui peuvent être sous forme d'entreprise sociale ou sous forme d'ONG.

Par exemple, nous avons rencontré Phare Ponleu Selpak à Batambang au Cambodge. Cette ONG apporte une aide sociale et éducative aux enfants des rues, qui à travers l'art s'exprime et dépassent leurs traumatismes. Par la suite, ceux qui ont du talent se professionnalisent et les recettes liées aux activités de production, édition et distribution reviennent en partie aux artistes, ainsi qu'à l'ONG pour financer son développement. Largement reconnu au Cambodge, Phare souhaite reconstruire lentement le secteur culturel cambodgien, qui a largement été détruit lors des exterminations par les Khmers Rouges de la majorité des artistes et intellectuels du pays.

  • Donc si je comprends bien vous partez à la rencontre d'entrepreneurs locaux, sociaux et culturels. J'imagine que le choix ne doit pas être facile. Comment procédez-vous ?
La sélection de nos entrepreneurs n'est pas évidente. Ils doivent répondre à nos critères de sélection, à la fois en terme d'impact et en terme de modèle commercial. On essaye d'obtenir des informations en premier lieu à travers des associations qui regroupent les entrepreneurs sociaux et notre réseau valide leur modèle économique, en premier lieu Ashoka et la Fondation Schwab. Malheureusement la culture est un peu délaissé par ces deux entités. C'est pourquoi nous passons également par les ambassades françaises et leurs départements culturels, les alliances françaises, ou encore par des blogs de voyages ou des conférences.

  • Comment subventionnez-vous les déplacements et supports matériels offerts aux entrepreneurs culturels?
Nous sommes en recherche de partenaires de manière permanente pour financer nos déplacements et le travail sur les images. Nous fonctionnons sous la forme de missions ponctuelles, qui représentent des voyages de 1 à 2 mois dans les pays en développement. Pour la mission en Asie du sud-est par exemple, nos frais ont pu être en partie financés par un de nos généreux partenaires. Nous avons aussi eu la chance de trouver un partenaire qui nous prête du matériel audiovisuel de grande qualité, et nous aide pour les tirages photo (www.artismundi.org/partenaires). Enfin, nous avons attiré des cotisants grâce à deux expositions de photographies et deux conférences. Notre crédibilité bénéficie d'un réseau de soutiens moraux solides, comme HEC, et de grandes ONG internationales.

  • Envisagez-vous des projets avec d'autres associations?
Bien sûr. Nous fournissons des piges à l'association Reporters d'Espoirs et présentons nos résultats à notre réseau d'associations partenaires (www.artismundi.org/partenaires). La prochaine mission au Brésil sera essentiellement centrée sur la compréhension du système de l'association Planète d'Entrepreneurs, qui mesure l'impact d'entrepreneurs sociaux en appliquant une méthodologie précise, ce qui ouvre de grandes perspectives. Enfin, nous travaillions avec Poiriering, notre nouveau partenaire !

  • Vous avez réalisé, l'année passée, trois missions en Asie du Sud-est. Pouvez-vous nous raconter votre périple et vos actions?
Localement notre action a été de rencontrer et comprendre les entrepreneurs sélectionnés. Le but de nos images et de nos articles est de décortiquer l'impact et le fonctionnement des entrepreneurs rencontrés. On est un peu des biologistes qui analysons l'ADN d'une graine pour qu'elle puisse être replanté dans une autre terre.
Une fois de retour, nous montons les images et tâchons de communiquer un maximum sur nos entrepreneurs, notamment auprès de nos partenaires, mais également sur des blogs, comme Youphil et peut-être bientôt, le site de TV5 Monde.

  • Quelles sont les prochaines missions que vous allez réaliser ?
La prochaine destination d'artis mundi est au brésil et elle commence demain. Comme toute les autre missions on peut la suivre sur www.artismundi.org.

  • Un dernier mot pour la fin ?
Nous aimons Poiriering, et nous ferons des poiriers partout, au Brésil et ailleurs. Vive les Poiriers !